Lorsque quelqu’un demande à quoi sert la philosophie, la réponse doit être agressive, puisque la question se veut ironique et mordante. La philosophie ne sert pas à l’État ni à l’Église, qui ont d’autres soucis. Elle ne sert aucune puissance établie. La philosophie sert à attrister. Une philosophie qui n’attriste personne et ne contrarie personne n’est pas une philosophie. Elle sert à nuire à la bêtise, elle fait de la bêtise quelque chose de honteux. Elle n’a pas d’autre usage que celui-ci (…)
Accueil > Les auteurs et les textes > Deleuze
Deleuze
-
La philosophie sert à attrister
11 mars 2017, par Deleuze, Gilles -
A chaque société correspond un type de machines
21 septembre 2011, par Deleuze, GillesIl est facile de faire correspondre à chaque société des types de machines, non pas que les machines soient déterminantes, mais parce qu’elles expriment les formes sociales capables de leur donner naissance et de s’en servir. Les vieilles sociétés de souveraineté maniaient des machines simples, leviers, poulies, horloges ; mais les sociétés disciplinaires récentes avaient pour équipement des machines énergétiques, avec le danger passif de l’entropie, et le danger actif du sabotage ; les (…)
-
Autrui est l’expression d’un monde possible.
3 décembre 2007, par Deleuze, GillesLisez, de Deleuze : La contradiction de l’amour ; et aussi l’article de Stéphane LLéres, "Autrui et l’image de la pensée chez Gilles Deleuze".
Le premier effet d’autrui, c’est, autour de chaque objet que je perçois ou de chaque idée que je pense, l’organisation d’un monde marginal, d’un manchon, d’un fond, où d’autres objets, d’autres idées peuvent sortir suivant des lois de transition qui règlent le passage des uns aux autres. Je regarde un objet, puis je me détourne, je le laisse (…) -
Morale, ou Ethique ?
1er décembre 2007, par Deleuze, Gilles« Voilà donc que l’Éthique, c’est-à -dire une typologie des modes d’existence immanents, remplace la Morale, qui rapporte toujours l’existence à des valeurs transcendantes. La morale, c’est le jugement de Dieu, le système du Jugement. Mais l’Éthique renverse le système du jugement. A l’opposition des valeurs (Bien-Mal), se substitue la différence qualitative des modes d’existence (bon-mauvais). L’illusion des valeurs ne fait qu’un avec l’illusion de la conscience : parce que la conscience est (…)
-
La contradiction de l’amour
12 septembre 2005, par Deleuze, GillesLisez aussi : Autrui est l’expression d’un monde possible..
Devenir amoureux, c’est individualiser quelqu’un par les signes qu’il porte ou qu’il émet. C’est devenir sensible à ces signes, en faire l’apprentissage (...). Il se peut que l’amitié se nourrisse d’observation et de conversation, mais l’amour naît et se nourrit d’interprétation silencieuse. L’être aimé apparaît comme un signe, une « âme », il exprime un monde possible inconnu de nous. L’aimé implique, enveloppe, emprisonne un (…) -
L’opinion dans son essence est volonté de majorité
7 septembre 2004, par Deleuze, Gilles, Guattari, FélixCe que l’opinion propose, c’est un certain rapport entre une perception extérieure comme état d’un sujet et une affection intérieure comme passage d’un état à un autre (exo et endo-référence). Nous dégageons une qualité supposée commune à plusieurs objets que nous percevons, et une affection supposée commune à plusieurs sujets qui l’éprouvent et saisissent avec nous cette qualité. L’opinion est la règle de correspondance de l’une à l’autre, c’est une fonction ou une proposition dont les (…)
-
Qu’est-ce que l’acte de création ?
3 décembre 2003, par Deleuze, GillesConférence donnée dans le cadre des mardis de la fondation Femis, le 17 Mai 1987. Source : Webdeleuze
Je voudrais, moi aussi, poser des questions. Et en poser à vous, et en poser à moi-même. Ce serait, heu..., ce serait du genre : qu’est-ce que vous faîtes au juste, vous qui faîtes du cinéma ? Et moi, qu’est-ce que je fais au juste quand je fais ou quand j’espère faire de la philosophie ?
Eh ! Est-ce que l’on a quelque chose à se dire, en fonction de cela ?
Alors bien sur, cela va (…) -
Post-scriptum sur les sociétés de contrôle
4 octobre 2003, par Deleuze, Gillesvoyez : Modèle de contrainte ou modélisation créative ;
et complétez par : Pourquoi obéit-on ?.
Historique
Foucault a situé les sociétés disciplinaires aux XVIIIè et XIXè siècles ; elles atteignent à leur apogée au début du XXè. Elles procèdent à l’organisation des grands milieux d’enfermement. L’individu ne cesse de passer d’un milieu clos à un autre, chacun ayant ses lois : d’abord la famille, puis l’école (« tu n’es plus dans ta famille »), puis la caserne (« tu n’es plus à l’école (…) -
Désir, plaisir et manque
16 septembre 2003, par Deleuze, GillesEn parlant de désir, nous ne pensions pas plus au plaisir et à ses fêtes. Certainement le plaisir est agréable, certainement nous y tendons de toutes nos forces. Mais, sous la forme la plus aimable ou la plus indispensable, il vient plutôt interrompre le processus du désir comme constitution d’un champ d’immanence. Rien de plus significatif que l’idée d’un plaisir-décharge ; le plaisir obtenu, on aurait au moins un peu de tranquillité avant que le désir renaisse : il y a beaucoup de haine, (…)
-
Désir et plaisir
12 septembre 2003, par Deleuze, GillesA
Une des thèses essentielles de S. et P. concernait les dispositifs de pouvoir. Elle me semblait essentielle à trois égards :
1/ en elle-même et par rapport au « gauchisme » : profonde nouveauté politique de cette conception du pouvoir, par opposition à toute théorie de l’État.
2/ Par rapport à Michel, puisqu’elle lui permettait de dépasser la dualité des formations discursives et des formations non-discursives, qui subsistait dans A.S., et d’expliquer comment les deux types de (…)