Présentation et mode d’emploi de l’ "Hyper-Ethique"
Cette e-édition de l’Éthique de Spinoza reprend la traduction d’Émile Saisset [1]. Le texte numérisé est celui mis à disposition sur le site SpinozaetNous. Certaines corrections lui ont été apportées.
Pourquoi cette nouvelle e-édition alors que plusieurs existent déjà : SpinozaetNous, BdSWeb, et que les textes numérisés (dans la traduction Saisset) sont facilement accessibles sur le Réseau ?
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L’Éthique de Spinoza se donne comme « démontrée selon l’ordre géométrique » (ordine geometrico demonstrata) [2] : une suite, un enchaînement, de définitions, d’axiomes, suivis de propositions toujours assorties de leurs démonstrations exploitant les énoncés qui les précèdent et ainsi les soutiennent, et parfois accompagnées de commentaires (les « scolies »). L’ensemble est réparti en cinq « Parties » (« partes ») qui abordent des thèmes bien identifiés : dieu, l’âme (ou l’esprit), les passions (ou sentiments, ou affects, autrement dit la vie affective), la servitude de la condition humaine, et enfin sa possible libération. Une théo-ontologie, une gnoséologie, une psychologie, une anthropologie, une morale.
La lecture de l’Éthique exige donc, à chaque instant de sa progression, un « regard en arrière » vers les énoncés antérieurs qui le soutiennent et dont les diverses propositions donnent de façon précise les références ou renvois dans leur démonstration. On peut dire que ce « rétro-regard », « forcé » ou plutôt « nécessité » par le texte lui-même puisque sa nécessité est constamment rappelée, conserve, « enveloppe » [3], l’ensemble du texte déjà parcouru, comme justification du passage en cours. L’Éthique montre qu’en avançant elle im-plique, développe (dés-enveloppe), c’est-à-dire ex-prime [4] son point de départ. Point de départ qui reste ainsi comme im-primé en elle [5].
Lisant l’Éthique, c’est vers l’amont, vers la source, qu’il semble falloir regarder pour avancer. C’est à une telle lecture qu’invite, au premier regard, le texte de Spinoza, tel qu’il a été publié sous forme de livre [6], et tel que les éditions électroniques existantes le présentent encore.
Mais ce premier regard en présuppose un second. Car si chaque énoncé de l’Éthique implique ceux qui le justifient, c’est qu’il « en suit » [7].
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L’Hyper-Éthique a un objectif autre : quoique conservant, comme il va de soi, ce regard vers l’amont indiqué par Spinoza lui-même, il s’agit de faire exister la logique réelle du texte spinozien, logique qui sous-tend toujours la progression de l’Éthique, sans pourtant y exister physiquement, et reste absente des e-éditions antérieures à celle-ci. Car ses énoncés ne peuvent prendre sens par la seule référence à leur origine, mais aussi et surtout en ayant en vue les conséquences [8] qu’ils produisent.
Le sens d’un énoncé de l’Éthique ne peut s’éclairer par le seul regard vers son amont, mais requiert que soit envisagé ce que sera son aval. C’est cette autre perspective sur le texte spinozien qui est proposée ici ; perspective qu’il n’interdit pas, cela va de soi, dans sa forme-livre, mais dont l’existence matérielle n’est rendue possible que par une e-édition.
Prenant appui sur le travail de Pierre Macherey [9], il s’agit de donner une existence effective à ce « réseau démonstratif » qu’est l’Éthique, et de manifester la logique « de la cause ou raison » qui est la sienne [10]. On voit de cette manière que chacun de ses énoncés n’est pas seulement démontré par ce qui le précède, qu’il n’est pas uniquement l’expression, et finalement le développement résultant de la définition initiale de la « cause de soi » [11]. Mais chaque énoncé s’exprime, car s’ex-plique [12], dans les conséquences qu’il produit et qui « s’ensuivent ».
Ce travail a donc la volonté de faire exister l’essence « actueuse », ou la puissance, des énoncés de l’Éthique qui, comme toutes choses [13] et comme Dieu même [14], sont caractérisés par leur essence productrice de conséquences : leur puissance [15].
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Pour faire découvrir au visiteur ce double mouvement, vers l’amont et vers l’aval, cette dynamique qui ne peut que faire penser à une respiration [16], chaque énoncé de l’Éthique est ici précédé des liens vers les énoncés précédents auxquels Spinoza lui-même fait explicitement renvoi dans l’énoncé ou sa démonstration, et suivi (en « P.S. ») par les liens vers les énoncés ultérieurs qui feront appel à lui, et en sont déjà les conséquences.
Parcourant l’Hyper-Éthique, c’est cette puissance-là qui non seulement provient, mais produit, que je veux te faire rencontrer : expérimenter ce « grand vent » qui vous prend à la lecture de l’Éthique :
« J’ai trouvé le volume chez un brocanteur à la ville voisine ; je l’ai payé un kopek en m’en voulant sur le moment de gaspiller un argent si dur à gagner. Plus tard j’en ai lu quelques pages, et puis j’ai continué comme si une rafale de vent me poussait dans le dos. Je n’ai pas tout compris, je vous l’ai dit, mais dès qu’on touche à des idées pareilles, c’est comme si on enfourchait un balai de sorcière. Je n’étais plus le même homme. Ce n’est qu’une manière de parler bien sûr, car en fait j’ai très peu changé depuis ma jeunesse. » [17]
Enfourche le balai de sorcière
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Mode d’emploi
en haut de page se trouve la barre de menu général du site | |
puis la barre de menu de l’Hyper-Éthique. | |
Le titre de l’énoncé en cours, et en bleu, les liens vers l’amont (les énoncés antérieurs qui le justifient. | |
Le texte, avec ses éventuelles démonstrations. Les flèches vertes permettent de parcourir linéairement l’Éthique : vers l’énoncé qui précède, ou vers le suivant. | |
En bleu, l’aval du texte : ses conséquences. Et l’auteur, auquel on peut écrire ;-) |
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État d’avancement de la mise en ligne de l’Hyper-Éthique :
La première étape (mise en ligne du texte) a été achevée le 3 juillet 2004.
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Le chantier « Hyper-Éthique »
Les étapes prévues du chantier seront les suivantes :
- Ajout au texte français du texte latin, indispensable pour accéder au sens propre de l’Éthique ;
- Construction d’une « hyper-carte » de l’Éthique ;
- Amélioration du texte français (la traduction Saisset étant bien défaillante sur de nombreux points) ;
- Ajout de liens entre parties de l’Éthique, vers d’autres passages de l’œuvre de Spinoza, vers d’autres philosophes, à l’occasion, notamment des scolies, préfaces, appendices ;
- Ajout d’explications.