L’attitude compassionnelle, paradoxalement enracinée dans le présupposé de l’égalisation, de l’égalité des chances et de la réussité par le mérite, est à double tranchant : elle demande aux « assistés » de sortir de leurs difficultés en se prenant en charge. C’est l’appel à l’initiative, à l’autonomie, à la nécessité de se (re)prendre en main. Le « bon » pauvre doit prouver qu’il veut s’en sortir pour obtenir de l’aide. Le problème, c’est que l’on présuppose chez ceux à qui on s’adresse une capacité qu’ils ont – momentanément au moins – perdue. D’où les effets culpabilisants de cette attitude psychologisante : elle invoque une capacité, une « capabilité » qui fait précisément défaut.
Myrial Revault d’Allonnes, [L’homme compassionnel, Seuil, 2008, p. 25
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