Sur l’éternel retour.
" La volonté d’éterniser nécessite elle aussi deux interprétations. Elle peut, d’une part, provenir de l’amour, de la gratitude (l’art qu’elle inspire, dans ce cas, est toujours art d’apothéose ; dithyrambique avec Rubens, sérieusement moqueur avec Hafiz, lumineux et bienveillant avec Goethe, il répand sur toute chose une lumière homérique, il auréole son moindre objet). Mais elle peut être aussi le désir tyrannique d’un homme qui souffre atrocement, qui lutte en proie à de cruelles tortures et qui voudrait marquer au coin d’une loi qui oblige et d’une contrainte inévitable l’idiosyncrasie de son mal, tout ce qu’il a de plus personnel, de plus particulier, de plus étroit ; qui se venge, en somme, sur toutes choses en les marquant à son image, à l’image de sa torture, en la leur brûlant sur la peau. " ( Nietzsche, Le gai savoir, §370 )
Avec l’idée (qui est une fiction) d’un "éternel retour", c’est la première interprétation qu’explore Nietzsche.