Entretien avec François Julien, « Faut-il relativiser la source grecque de notre culture ? »
« Ce qui caractérise le sage, c’est qu’il refuse l’exclusion, la disjonction. Il souhaiterait ne rien laisser tomber de la réalité et c’est ce qui le conduit à ne pas se braquer sur la vérité. C’est ce qui le distingue du philosophe ; le philosophe n’a pas cessé d’être soucieux du vrai. Alors que le sage se garderait d’un parti pris sur la réalité, il chercherait à garder son regard ouvert à toute l’amplitude du réel sans tomber dans la disjonction. » (F. Jullien)
« Dans la conception chinoise du « double milieu », la vraie sagesse, c’est quand chaque extrême peut être tenu comme un milieu ou plutôt cette capacité de disponibilité et d’ouverture qui est d’être également ouvert à l’un comme à l’autre extrême, donc d’embrasser le réel dans son amplitude, d’un bord à l’autre, sans jamais se stabiliser d’aucun côté, en restant ouvert à l’évolution des choses, et sans se reposer sur une sorte de moyen terme qui serait le moins aventureux. (.) Pour le sage à l’esprit ouvert, tel que l’a conçu la pensée chinoise, il s’agit de n’être d’aucun côté parce qu’on est capable d’être également d’un côté ou de l’autre. » (F. Jullien)