La prison et la vie

24 mai 2004

Je ne suis pas masochiste et je ne prétends pas devoir passer à travers la privation pour arriver à construire quelque chose. En réalité, je ne pense pas qu’il y ait une différence si essentielle entre la prison et le reste de la vie. La vie est une prison quand on ne la construit pas, et quand le temps de la vie n’est pas appréhendé librement. On peut aussi bien être libre en prison qu’en dehors de la prison. La prison n’est pas un manque de liberté, tout comme la vie n’est pas la liberté - tout au moins la vie des travailleurs. Le problème n’est donc pas qu’il faille nécessairement faire le détour de la prison, je n’en fais pas une philosophie. Il n’y a pas à passer par la privation, ce n’est pas une condition de la philosophie. Le fait est qu’il faut faire vivre les passions positives, c’est-à-dire celles qui sont capables de construire quelque chose aussi bien en prison qu’à l’extérieur. Les passions positives sont celles qui construisent les communautés, qui libèrent les relations, qui déterminent de la joie. Et tout cela est complètement déterminé par la capacité que l’on a à saisir le temps, à le traduire en un processus éthique, c’est-à-dire en un processus de construction de joie personnelle, de communauté, et de libre jouissance de l’amour divin, comme le dit Spinoza, le père de tous les athées.

Dans la même rubrique

27 février 2004

Exil - Lettre-Préface

Chers amis,
Vous trouverez ici publiés les extraits d’une conversation que j’eus avec certains amis, sollicité que j’étais par leurs questions, la semaine qui précéda mon retour en Italie : j’avais en effet décidé d’y rentrer, après quatorze (…)

24 mai 2004

La solitude

Je ne sais pas vraiment. Il est clair qu’il est difficile de définir la solitude. Pour moi, la solitude c’est l’impuissance, c’est comme ça qu’on peut la définir. Il arrive qu’on ait épuisé un certain type de recherche, un certain type de (…)

24 mai 2004

Le "choix" de la prison

C’est une « ligne de fuite », comme le dit Deleuze. Il y a des moments où, face à une réalité qui s’aplatit, face à un monde qui devient toujours plus plat, on pense qu’il est possible - et même qu’il est nécessaire - de formuler une hypothèse (…)