V. Météorologie.
1. Prévisions
Les signes annonciateurs du temps peuvent se produire soit en vertu de coïncidences, de même qu’il y a coïncidence entre l’état de la température et les migrations de certains des animaux visibles près de nous ; soit par suite d’altérations et de changements imprimés à l’air. Car ces deux explications sont également compatibles avec les phénomènes ; (99) mais il est impossible d’apercevoir dans quel cas la causalité opère selon l’une ou l’autre d’entre elles.
2. Nuages.
Les nuages peuvent se produire et se rassembler, soit par suite de condensations de l’air, déterminées par les vents, soit par suite de l’enlacement de certains atomes aptes à s’accrocher les uns aux autres et à former ainsi des nuages, soit par suite de la réunion de certains courants émanés de la terre et des eaux ; enfin la formation des nuages peut encore avoir lieu de beaucoup d’autres manières. Quand ils sont formés, l’eau qu’ils répandent peut provenir soit d’une pression mutuelle des nuages, soit d’une altération survenue en eux. (100) La pluie peut encore provenir du choc contre les nuages de certains vents venus à travers l’air de lieux appropriés. Les ondées sont d’ailleurs plus violentes quand elles proviennent de certains amas de nuages aptes à répandre de telles ondées.
3. Tonnerre, éclairs, foudre.
Le tonnerre peut se produire soit par suite du roulement à l’intérieur des nuages, ainsi que cela a lieu à l’intérieur de nos récipients, soit par suite du son grave que rend le feu venant à se condenser en souffle au sein des nuages, soit par suite de la déchirure et de la dispersion des nuages, soit par suite de froissements, de poussées, entre nuages ayant pris la consistance de la glace ; en un mot, les phénomènes nous suggèrent plusieurs explications de ce fait du tonnerre comme des autres. (101) Les éclairs, à leur tour, peuvent également se produire de plusieurs manières. Il se peut que, par suite du frottement et du choc mutuel des nuages, des corpuscules conformés pour donner du feu s’échappent et engendrent l’éclair. Il se peut que les vents agissant comme des soufflets fassent jaillir hors des nuages des corps qui produisent la lueur en question. Il se peut encore que les vents ou la pression mutuelle des nuages expriment les éclairs du sein de ceux-ci. Il se peut que la lumière répandue par les astres se soit accumulée à l’intérieur des nuages et que le choc des autres nuages et du vent l’en fasse tomber tout d’un coup à travers les nuages. Il se peut que la partie la plus subtile de la lumière filtre à travers les nuages et se mette en mouvement. Il se peut que le vent s’enflamme en conséquence d’une translation rapide et d’une rotation très vive. (102) Il se peut que les nuages se déchirent sous l’action du vent et qu’il en tombe des atomes produisant du feu et prenant l’aspect de l’éclair. Il y a encore plusieurs autres explications possibles qu’on découvrira sans peine, pourvu qu’on se laisse guider par les phénomènes terrestres, et qu’on soit capable d’embrasser d’un regard l’ensemble des choses qu’on peut concevoir à leur ressemblance dans le ciel. Que si l’éclair devance le tonnerre dans les orages, c’est parce que les corpuscules propres à produire l’éclair s’échappent des nuages aussitôt qu’ils ont été frappés par le vent, tandis que le vent ne produit le tonnerre qu’un peu après, en roulant à travers les nuages. C’est peut-être aussi que, l’éclair et le tonnerre tombant en même temps, l’éclair nous parvient avec plus de vitesse, (103) tandis que le tonnerre va plus lentement ; car c’est ce que nous voyons arriver sur la terre pour certains corps que nous apercevons à distance frappant d’autres corps dont le son ne nous parvient qu’après. La foudre peut se produire par suite du rassemblement de beaucoup de vents, de leur tourbillonnement violent, de leur embrasement, de la brisure du courant dans l’une de ses parties et de la chute violente qui s’ensuit vers les lieux inférieurs, cette brisure ayant lieu parce que les lieux voisins sont rendus plus denses par la compression des nuages. La foudre peut encore se produire, de même que le tonnerre aussi, par la chute et le tourbillonnement du feu qui, devenu trop abondant, se condense en souffle, se trouve par là plus fort, et brise les nuages, faute de pouvoir avancer une fois qu’il les a déjà poussés les uns contre les autres. (104) Il y a encore beaucoup d’autres explications possibles de la foudre. Qu’on tienne seulement le mythe à l’écart, et l’on y parviendra, pourvu qu’on se laisse conduire par les phénomènes dans les inférences sur les choses cachées.
4. Cyclones, séismes.
Les cyclones peuvent être produits par un nuage qui sous la poussée d’un vent violent descend en forme de colonne vers les lieux inférieurs, est animé par le fait de ce vent d’un mouvement rotatoire, et subit en même temps une translation horizontale sous l’action d’un vent intérieur. Les cyclones peuvent encore être produits par un vent qui se forme en cercle et qui d’ailleurs est poussé d’en haut par un courant d’air. Ils peuvent enfin être produits par le cours abondant d’un vent qui ne peut s’écouler latéralement à cause de la condensation de l’air ambiant. (105) Lorsque le cyclone descend sur la terre, il se forme un tourbillon ; lorsqu’il descend sur la mer, c’est un tournant d’eau.
Les tremblements de terre peuvent être produits par du vent enfermé dans la terre, lequel environne les petites masses de cette dernière et leur imprime un mouvement continuel - ce qui provoque la secousse sismique.
Et ce vent est entré du dehors dans la terre, ou bien il provient de ce que l’air enfermé dans les cavernes souterraines a été transformé en vent par l’agitation qu’ont causée en lui, en s’affaissant, les parties de terre qui soutiennent la surface. Les tremblements de terre peuvent encore être produits par la propagation du mouvement causé par la chute d’une masse considérable de couches terrestres et par son rebondissement, lorsqu’elle s’est heurtée dans cette chute, contre des masses de terre plus denses et plus solides qu’elle. (106) Ces agitations de la terre peuvent d’ailleurs s’expliquer par d’autres causes encore.
Les vents se produisent de temps en temps, en conséquence d’une altération de l’air lente et progressive. Les vents peuvent encore être produits par l’air qui sort de grandes masses d’eau. D’autres vents se produisent en conséquence de la chute d’un peu d’air dans les nombreuses cavernes de la terre et de sa distribution dans tous les sens.
5. Grêle, neige, rosée, glace.
La grêle se forme par la congélation violente (de l’eau des nuages) environnés de tous côtés par des vents, cette eau gelée se fendant ensuite en parcelles. Elle peut aussi se former par la congélation moins violente d’éléments aqueux qui se trouvent environnés de souffles d’air, lesquels font deux choses à la fois, d’une part resserrant les éléments aqueux et, de l’autre, les séparant, pour arriver à ce double résultat que les éléments aqueux se congèlent en petites quantités séparées, et en consistance serrée. (107) Quant à la forme ronde de la grêle, il n’est pas impossible qu’elle résulte de l’émoussement de tous les angles, suite d’un long trajet dans l’air. Elle peut aussi résulter de ce que, lors de la constitution même de la grêle, une atmosphère aqueuse ou aériforme entoure, comme nous l’avons dit, chaque grêlon en le pressant uniformément de tous côtés.
La neige peut être formée par les gouttes de l’eau la plus subtile, filtrant à travers les portes des nuages qui répondent à leurs dimensions, lorsque les nuages convenables pour cela se trouvent pressés par les vents ; et les gouttes se congèlent ensuite dans leur chute à cause du refroidissement interne qu’elles subissent dans les régions situées au-dessous des nuages. La neige peut encore être produite par congélation au sein même de nuages d’une porosité uniforme, l’expulsion de la neige ayant lieu lorsque les parties aqueuses qui sont voisines dans un nuage se trouvent pressées les unes contre les autres. (108) Le frottement mutuel de deux nuages congelés peut encore faire jaillir et rebondir des amas de particules neigeuses. Il y a encore d’autres explications possibles de la neige.
La rosée se produit par le rassemblement, à partir de tous les points de l’air, des corpuscules capables de constituer cette sorte d’humidité ; elle peut encore se produire par l’élévation dans l’air de l’humidité que possèdent les lieux mouillés ou couverts d’eau, lieux où l’on voit surtout se former la rosée, puis par le rassemblement de ces éléments humides en un même point de façon à constituer une atmosphère humide, et enfin par la chute de cette humidité : car nous voyons souvent quelque chose de semblable à cela se produire dans ceux des phénomènes qui se passent sur la terre même. (109) Le givre ne se produit pas autrement que la rosée, des particules de rosée venant à subir une certaine espèce de congélation, parce qu’elles se trouvent entourées d’air froid.
La glace est produite par l’expulsion hors de l’eau des atomes de forme ronde, et par la réunion des atomes de figure inégale et anguleuse qui se trouvent dans l’eau. Elle peut aussi se produire parce que des atomes de cette dernière sorte viennent du dehors s’ajouter à l’eau et en provoquer la congélation, après avoir expulsé une certaine quantité d’atomes ronds.
6. Arc-en-ciel, halo.
L’arc-en-ciel se produit lorsque le soleil envoie sa lumière contre l’air chargé d’eau, ou encore par suite d’un mélange spécial de lumière et d’air, mélange qui forme toutes les couleurs de l’arc-en-ciel ou qui forme seulement une de ces couleurs ; alors, cette couleur rayonnant à son tour comme le soleil, les parties de l’air qui avoisinent prennent les couleurs que nous observons dans l’arc-en-ciel, parce que la première couleur envoie ses rayons sur les autres parties de l’arc. (110) Quant à l’aspect circulaire que présente l’arc-en-ciel, il est produit par le fait que notre oeil le perçoit à des distances égales de toute part à partir de l’œil. Cet aspect peut encore être produit par le fait que les atomes qui sont dans l’air, ou ceux qui, dans les nuages, proviennent du même air, se rassemblent sous une forme telle que cet assemblage nous offre l’apparence d’un cercle. Les halos autour de la lune se produisent parce que l’air se trouve porté de toutes parts vers la lune, ou bien parce que les effluves issus de cet astre sont repoussés par l’air avec une intensité égale de toutes parts, en telle sorte qu’ils viennent se ranger autour de l’astre en un cercle nébuleux et qu’ils ne peuvent pas se disperser. Il est encore possible que l’air repousse de toutes parts avec une force égale l’air qui entoure la lune, de façon à disposer celui-ci circulairement autour de l’astre dans un certain état de condensation. (111) Les couronnes partielles autour de la lune proviennent d’un certain courant extérieur qui pousse violemment l’air contre l’astre, ou de ce que sa chaleur s’échappe par certains passages disposés de façon à produire l’apparence dont il s’agit.