1er colloque des philosophes : "À quoi servent les oeuvres d’art ? "

Platon

Socrate  : Maintenant, considère ce point ; lequel de ces deux buts se propose la peinture relativement à chaque objet est-ce de représenter ce qui est tel qu’il est, ou ce qui parait, tel qu’il parait ? Est-elle l’imitation de l’apparence ou de la réalité ?

Glaucon  : De l’apparence.

Socrate : L’imitation est donc loin du vrai, et si elle façonne tous les objets, c’est, semble-t-il, parce qu’elle ne touche qu’à une petite partie de chacun, laquelle n’est d’ailleurs qu’une ombre. Le peintre, dirons-nous par exemple, nous représentera un cordonnier, un charpentier ou toute autre artisan sans avoir aucune connaissance de leur métier ; et cependant, s’il est bon peintre, ayant représenté un charpentier et le montrant de loin, il trompera les enfants et les hommes privés de raison, parce qu’il aura donné à sa peinture l’apparence d’un charpentier véritable.

Glaucon  : Certainement (...).

Socrate  : Poserons-nous donc en principe que tous les poètes (...) sont de simples imitateurs des apparences de la vertu et des autres sujets qu’ils traitent, mais que, pour la vérité, ils n’y atteignent pas : semblables en cela au peintre dont nous parlions tout à l’heure, qui dessinera une apparence de cordonnier, sans rien entendre à la cordonnerie, pour des gens qui, n’y entendant pas plus que lui, jugent des choses d’après la couleur et le dessin ?

Glaucon  : Parfaitement.

Platon, La République, X, 598b-601a

En complément, l’" Allégorie de la Caverne" :