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Publié : 6 octobre 2005

Le moi substantiel : une fiction grammaticale.

« On pense : donc il y a quelque chose qui pense », à cela se réduit l’argumentation de Descartes. Mais c’est là tenir déjà pour « vrai a priori » notre croyance en l’idée de substance. - Dire que, lorsque l’on pense, il faut qu’il y ait quelque chose « qui pense » c’est simplement la formulation d’une habitude grammaticale qui, à l’action, ajoute un acteur. Bref, on annonce ici déjà un postulat logico-métaphysique - au lieu de se contenter de constater... Sur la voie indiquée par Descartes on n’arrive pas à une certitude absolue, mais seulement au fait d’une croyance très forte.

Si l’on réduit la proposition à ceci : « on pense, donc il y a des pensées », il en résulte une simple tautologie, et, ce qui entre justement en question, la « réalité de la pensée » n’est pas touchée, - de sorte que, sous cette forme, on est forcé de reconnaître l’« apparence » de la pensée. Mais ce que voulut Descartes, c’est que la pensée n’eût pas seulement une réalité apparente, mais qu’elle fût un en soi.

Post-scriptum

Nietzsche, La volonté de puissance, §260, trad. H. Albert, LGE, p.287 (même texte : La volonté de puissance, §147, trad. Bianquis, Gallimard).