Comment définir l’Empire ? C’est la forme politique du marché mondial, c’est-à-dire l’ensemble des armes et des moyens de coercition qui le défendent, des instruments de régulation monétaire, financière et commerciale, et enfin, au sein d’une société mondiale « biopolitique », l’ensemble des instruments de circulation, de communication et de langages. Chaque société capitaliste a besoin d’être commandée : l’Empire est le commandement exercé sur la société capitaliste mondialisée. Ses conditions sont, d’une (...)
Ces luttes montrent comme toujours l’énorme puissance et l’immense difficulté qu’il y a à poser aujourd’hui le problème du changement dans les rapports de force, à l’intérieur d’un monde déjà constitué. Les luttes de Los Angeles sont des luttes dans lesquelles tout le malaise urbain, métropolitain, des franges « marginalisées » s’exprime sous les formes les plus intenses : par l’occupation du territoire, par le saccage de la richesse exposée dans cette vitrine du monde qu’est Los Angeles. Los Angeles, c’est (...)
On pouvait, selon moi, y voir apparaître facilement un nouveau paradigme de la production, à différents niveaux. Le niveau le plus élémentaire, c’était celui de la reconstruction de la communauté urbaine à travers le caractère aléatoire des transports de surface - ni les métros ni les autobus ne fonctionnaient plus. Il s’est alors produit un incroyable phénomène, qui a duré deux mois : les gens montaient dans les voitures, ils s’organisaient collectivement, ou bien ils vivaient dans de véritables queues en (...)
Cette étrange province du Tiers-Monde, ou peut-être d’un « Deuxième-Monde » du socialisme réel ou soviétique en crise, propose un phénomène de fuite : non plus une fuite face à la guerre civile, mais l’étrange figure post-moderne d’une recherche de travail, de richesse et de culture vers lesquels aller. Cette île étrange, ce bizarre pays qu’est l’Albanie - complètement coupé du monde pendant si longtemps, ligoté en permanence par des idéologies et des structures administratives aberrantes -, au moment où il se (...)
Je vois vraiment se construire - au moins tendanciellement - un nouvel ordre dynamique dans le mouvement de populations, ce qui signifie des métissages toujours plus larges, des capacités d’intégration culturelle toujours plus vastes. Métissage et intégration culturelle peuvent même rentrer dans l’ordre productif jusqu’à un certain point, mais à partir d’un certain moment, ils deviennent le levier qui peut faire définitivement sauter le dernier ordre des nations. Je trouve très beau que le pouvoir (...)
Il n’y a plus de murs, cela me semble important. Bien évidemment, il y a toujours des tentatives pour déterminer des exclusions, mais les murs se trouvent autant à l’intérieur de chaque pays qu’entre un pays et un autre, autant au milieu de la Méditerranée qu’à Paris, autant au milieu du Pacifique qu’à Los Angeles. La distinction entre Nord et Sud n’a plus de sens, sauf si elle est envisagée à l’intérieur de certains dispositifs déterminés par lesquels on tente de recontrôler les mouvements de la force de (...)
Les luttes des sans papiers indiquent selon moi quelque chose de fondamental : la demande d’un droit de citoyenneté, la revendication d’une présence sur le territoire d’intensité toute biopolitique. Une demande radicale de droit de citoyenneté pour ceux qui se déplacent, qui représente un élément subversif pour l’ordre national du droit, dans la mesure où elle est la première transcription en termes politiques d’une situation devenue désormais générale. Cela équivaut vraiment à demander la loi, à réclamer (...)
Quand on parle de travail immatériel, on ne parle pas simplement de travail intellectuel. On parle de travail intellectuel en tant que travail corporel, c’est-à-dire qu’il comprend évidemment l’intellect, mais on l’envisage dans sa plasticité, dans sa malléabilité, dans sa capacité à s’insérer dan n’importe quelle situation. Le travail immatériel est, selon moi, une catégorie qui permet précisément de comprendre à fond cette plasticité de la nouvelle force de travail. Il y a bien sûr des différences quand on (...)
Il faut faire très attention à cette histoire. À mon avis, l’exil tel que nous l’avons vécu a été extrêmement linéaire. Mais l’exil et le nomadisme prolétariens sont deux choses profondément différentes. En réalité, nous avons vécu - à cause de nos origines et de la culture que nous avions, à cause du caractère de notre action - une expérience du XIXè siècle.
Expériences souvent amères et dures, comme elles l’ont été à l’époque, mais finalement dans la continuité - et dans la transformation - de ce qu’a été (...)
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Dernière mise à jour : mardi 31 janvier 2023