Les petites asemblées sont préférables aux grandes (De Cive, X, X).
D’ailleurs, il y a diverses raisons qui me font estimer que les délibérations que l’on prend en de grandes assemblées, valent moins que celles où l’on ne recueille les sentiments que d’un petit nombre de personnes choisies. L’une de mes raisons est que, pour bien délibérer de tout ce qui est de l’intérêt public, il faut connaître non seulement les affaires du dedans, mais aussi celles du dehors. Et pour ce qui regarde le dedans de l’État, il faut savoir, par exemple, d’où c’est qu’il tire les moyens de sa subsistance et de sa défense, quels sont les lieux propres à recevoir de garnison ; où se doivent faire les levées des soldats et où ils se peuvent entretenir ; comment sont portés les sujets envers leur prince, envers l’État, ou envers ceux qui gouvernent et mille choses semblables. Pour ce qui est des affaires étrangères, il ne faut pas ignorer quelle est et en quoi consiste la force des États voisins ; quels avantages, ou quels désavantages nous en retirons ; de quelle affection ils sont portés pour nous et comment ils vivent entre eux, et quels desseins ils font. Or, d’autant que cela vient à la connaissance de fort peu de personnes, dans une grande foule de peuple, à quoi peut servir tout ce nombre d’ignorants et d’incapables de bon conseil, qu’à donner par leurs sots avis des empêchements aux mûres délibérations ?