La monarchie est le meilleur des gouvernements (De Cive, X, XVII).
Or, entre les preuves que la plus absolue monarchie est la meilleure de toutes les sortes de gouvernement, c’en est ici une très évidente, que non seulement les rois, mais aussi les républiques populaires et aristocratiques, donnent des généraux à leurs armées lorsque quelque guerre survient, et laissent leur puissance aussi absolue qu’elle le peut être (sur quoi il faut remarquer en passant, qu’un roi ne peut point donner à un général plus de puissance sur son armée, qu’il n’en exerce lui-même sur ses sujets). Donc, en un camp, la monarchie est la plus excellente de toutes les sortes de gouvernements. Mais, que sont autre chose plusieurs républiques, qu’autant de grandes armées, qui demeurent campées dans un pays, enfermées d’une large circonvallation et fortifiées sur la frontière par des garnisons et des places, où l’on est toujours en arme contre ses voisins ? Or, comme ces républiques voisines demeurant en cette posture ennemie, ne sont point soumises à une commune puissance ; la paix dont elles jouissent quelquefois n’est qu’une espèce de trêve, et leur état doit être tenu pour le vrai état de nature, qui est celui de guerre perpétuelle.