Wittgenstein

L’éthique est transcendantale

6.4 - Toutes les propositions sont d’égale valeur.

6.41 - Le sens du monde doit se trouver en dehors du monde. Dans le monde toutes choses sont comme elles sont et se produisent comme elles se produisent : il n’y a pas en lui de valeur - et s’il y en avait une, elle n’aurait pas de valeur.
S’il existe une valeur qui ait de la valeur, il faut qu’elle soit hors de tout événement et de tout être-tel. Car tout événement et être-tel ne sont qu’accidentels.
Ce qui les rend non-accidentels ne peut se trouver dans le monde, car autrement cela aussi serait accidentel.
Il faut que cela réside hors du monde.

6.42 - C’est pourquoi il ne peut pas non plus y avoir de propositions éthiques.
Des propositions ne sauraient exprimer quelque chose de plus élevé.

6.421 - Il est clair que l’éthique ne se peut exprimer.
L’éthique est transcendantale.
(L’éthique et l’esthétique sont un.)

6.422 - La première pensée qui vient à l’esprit lors de l’institution d’une loi éthique de la forme de : « Tu dois... » est celle-ci : et qu’arriverait-il si je ne le faisais point ? Il est cependant clair que l’éthique n’a rien à voir avec la punition ou la récompense au sens ordinaire. Ainsi la question relative aux conséquences d’un acte doit être sans intérêt. Tout au moins ces conséquences ne sauraient-elles être des événements. Car il faut bien qu’il y ait quelque chose de vrai dans cette interrogation. Il doit y avoir sans doute une sorte de récompense éthique et de punition éthique, mais celles-ci doivent résider dans l’acte même.
(Et il est clair aussi que la récompense doit être quelque chose d’agréable, la punition quelque chose de désagréable.)

6.423 - On ne peut parler de la volonté en tant que sujet de l’éthique.
Et la volonté en tant que phénomène n’intéresse que la psychologie.

Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus