« 1) L’affect est puissance d’affirmation : à l’opposé des propositions de la psychanalyse ou de certaines approches philosophiques telles que celles de Lyotard, ou d’Agamben, l’affect n’est pas rapporté à un trauma, ni à une expérience originaire de la perte, mais il apparaît au contraire comme puissance de vie, puissance d’affirmation (« s’affecter de joie, multiplier les affects qui expriment ou enveloppent un maximum d’affirmation » écrit Deleuze dans Dialogues, p. 76). Cette conception rejoint l’affirmation de Spinoza selon laquelle il y a, à l’origine de toute forme d’existence, une affirmation de la puissance d’être. (…)

2) L’affect est de ce fait non-personnel. (…)

3) L’affect est enfin inséparable d’un autre concept propre à la pensée de Deleuze, à savoir le plan d’immanence. N’étant pas rabattu sur la subjectivité, l’affect est en effet conçu comme processus immanent à un plan qu’il faut construire : ce plan n’est ni structuration de formes ni fait naturel ou spontané, mais milieu instable toujours « machiné », « agencé » par des affects-passions et des affects-actions, recomposé par des principes cinétiques (vitesses et lenteurs) et des principes dynamiques (intensités, degrés de puissance). » (Chantal Delourme et Jean-Jacques Lecercle, « Affect », in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, pp. 32-33.)