Schizo-analyse (et micropolitique)
- « Tel est donc le but de la schizo-analyse : analyser la nature spécifique des investissements libidinaux de l’économique et du politique ; et montrer par là comment le désir peut être déterminé à désirer sa propre répression dans le sujet qui désire » (Gilles Deleuze et Félix Guattari, Capitalisme et schizophrénie, tome 1 : L’Anti-Œdipe, Ed. de Minuit, 1972, pp. 124-125). [Comment les masses ont-elles pu] « désirer le fascisme » ? (L’Anti-Œdipe, p. 306 ; pp. 412-414.)
- « Schizo-analyse : 1) Analyse, inspirée par le vécu schizophénique, de la nature spécifique des flux et investissements libidinaux dans les groupes et individus, d’où découle une théorie politique spécifique ; 2) Analyse de la schizophrénie, des états schizoïdes et des productions à partir de la constitution dynamique du sujet par le travail soignant-soigné afin d’instituer le désir. » (Bernard Andrieu, « Schizo-analyse » in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 308.)
- « Les nouveaux modèles décrivent le schizophrène comme un sujet en voie de définition, mais qui ne cesse d’y parvenir. » (Bernard Andrieu, « Schizo-analyse » in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 312.)
Dans la mesure où, « individus ou groupes, nous sommes tous faits de lignes » (Gilles Deleuze, Dialogues, avec Claire Parnet, Ed. Flammarion, 1977, p. 151), la micropolitique ou, autrement dit, la schizo-analyse : « n’a pas d’autre objet que l’étude de ces lignes dans des groupes ou des individus » (Dialogues, p. 153).
- « On en distingue (et hiérarchise) trois sortes suivant leur degré de fluidité et de connectabilité :
a) les lignes molairesà segmentarité dure qui nous découpent binairement (travail / vacance ; marié / célibataire ; enfant / adulte / vieillesse ; école / armée / usine ; homo / héterosexuel, etc...) (= coupures) ;
b) les lignes souples et moléculaires qui « arrachent » des quanta des lignes à segments précédentes et aux dualismes (= fêlures). Elles passent « au-dessous » des grosses coupures et nous font, par des fêlures, franchir des seuils quasi invisibles. Elles sont porteuses de « micro- devenirs qui n’ont pas le même rythme que notre histoire » et de « folies secrètes » (Dialogues, p. 152) qui permettent « une autre politique » (ibid.) que la politique majoritaire ;
c) enfin les lignes de fuite, simples et abstraites « de plus grande pente » (ibid.), lignes moléculaires de déterritorialisation absolue qui traversent en permanence toute société (« tout fuit », « toujours quelque chose coule ou fuit », « une société se définit par ses lignes de fuite », Mille plateaux, p. 264) (= ruptures). » (Philippe Mengue, « Micropolitique », in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 254.)