Aiôn (et Chronos)
- « La réflexion de Gilles Deleuze sur le temps (…) [constitue une] tentative d’échapper à l’historicisme, et au mono-chrono-logisme qu’il implique (…). Deleuze, comme Nietzsche, est à la recherche d’une forme d’intemporel qui ne serait ni l’éternité (l’absence de temps) ni la sempiternité (la permanence indéfinie dans le temps d’une nature ou structure). Il lui faut, pour asseoir l’intempestif, présent en toute création, un troisième terme entre le temps historique et l’éternité. Ce sera l’Aiôn. (…) Le temps sera clivé, dédoublé, entre Chronos, plan de l’histoire et du mélange physique des corps et Aiôn, plan des devenirs, des événements et du sens, incorporels. (…) [Si] Chronos n’a qu’un temps, le « présent vivant » (Logique du sens, 1969, p. 13), Aiôn en possède deux, le passé et l’avenir, mais n’a pas de présent. » (Philippe Mengue, « Aiôn / Chronos » in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 41.)
- « L’Aiôn est la surfacequi recueille le sens, (…) [il est] le présent vide ou la sorte d’éternité où subsiste l’événement, toujours prêt à venir (futur) et toujours déjà passé (puisqu’il n’a pas de présent). (…) L’Aiôn, comme forme vide de temps (Différence et répétition, 1968, p. 119) et fêlure du je, se déplace « en ligne droite » [« ligne droite que trace le point aléatoire » (Logique du sens, 1969, p. 80)] opérant la division des choses et des signes. Par là, il est l’Evénement lui-même comme Temps pur (ou blessure, ou mort). » (Philippe Mengue, « Aiôn / Chronos » in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 43.)
- « [Avec Qu’est-ce que la philosophie ? (1991) c’est] le concept de « plan d’immanence » de la pensée qui remplace[ra] celui de surface, et d’Aiôn comme temps de cette surface. » (Philippe Mengue, « Aiôn / Chronos » in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 46.)