• Dans la mesure où, « individus ou groupes, nous sommes tous faits de lignes » (Gilles Deleuze, Dialogues, avec Claire Parnet, Ed. Flammarion, 1977, p. 151), la micropolitique ou, autrement dit, la schizo-analyse : « n’a pas d’autre objet que l’étude de ces lignes dans des groupes ou des individus » (Dialogues, p. 153).
  • « On en distingue (et hiérarchise) trois sortes suivant leur degré de fluidité et de connectabilité :

a) les lignes molairesà segmentarité dure qui nous découpent binairement (travail / vacance ; marié / célibataire ; enfant / adulte / vieillesse ; école / armée / usine ; homo / héterosexuel, etc...) (= coupures) ;

b) les lignes souples et moléculaires qui « arrachent » des quanta des lignes à segments précédentes et aux dualismes (= fêlures). Elles passent « au-dessous » des grosses coupures et nous font, par des fêlures, franchir des seuils quasi invisibles. Elles sont porteuses de « micro- devenirs qui n’ont pas le même rythme que notre histoire » et de « folies secrètes » (Dialogues, p. 152) qui permettent « une autre politique » (ibid.) que la politique majoritaire ;

c) enfin les lignes de fuite, simples et abstraites « de plus grande pente » (ibid.), lignes moléculaires de déterritorialisation absolue qui traversent en permanence toute société (« tout fuit », « toujours quelque chose coule ou fuit », « une société se définit par ses lignes de fuite », Mille plateaux, p. 264) (= ruptures). » (Philippe Mengue, « Micropolitique », in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n° 3, Printemps 2003, p. 254.)