« La capture détermine le mode par lequel des individus (biologiques, sociaux, noétiques) entrent dans des rapports variables qui les transforment. L’exemple princeps en est la symbiose qui lie la guêpe et l’orchidée (…) : la série animale (guêpe) « captée » par l’apparence de l’orchidée, assure la fonction d’organe reproducteur pour la série végétale (Mille plateaux, 1980, p. 17). (…) La capture débouche donc sur une théorie du devenir, comme agencement : les termes « agencés » par la capture sont pris dans un mouvement solidaire, qui les fait devenir sans rester les « mêmes » ni devenir un même « autre ». (…) Il y a là une logique de l’agencement comme multiplicité qui prétend fournir une alternative à la logique du même, et spécialement au devenir-autre de la logique hégélienne. (…) Cette capture, Deleuze la met effectivement en pratique en produisant ses œuvres avec Guattari : il ne s’agit plus de « penser » mais de « faire le multiple » (Dialogues, avec Claire Parnet, 1977, p. 23), en écrivant à deux. (…) La création de pensée n’est plus l’acte d’un sujet noétique, mais une pragmatique, un agencement impersonnel (…). » (Anne Sauvagnargues, « Capture », in Le vocabulaire de Gilles Deleuze (sous la dir. Robert Sasso et Arnaud Villani), Les Cahiers de Noesis n°3, Printemps 2003, pp. 48 et 50-51).