Plan d’immanence

23 février 2004
  • « Le plan d’immanence est comme une coupe du chaos, et agit comme un crible. Ce qui caractérise le chaos, en effet, c’est moins l’absence de déterminations que la vitesse infinie avec laquelle elles s’ébauchent et s’évanouissent (…). Le chaos chaotise, et défait dans l’infini toute consistance. Le problème de la philosophie est d’acquérir une consistance, sans perdre l’infini dans lequel la pensée plonge (le chaos à cet égard a une existence mentale autant que physique). » (Gilles Deleuze et Félix Guattari, Qu’est-ce que la philosophie ?, Ed. Minuit, 1991, pp. 44-45.)
  • « Le concept de « plan d’immanence » se substitue au « champ transcendantal » issu des philosophies de Kant et de Husserl (sur ces deux auteurs, cf. Logique du sens (14e-17e séries) et Qu’est-ce que la philosophie ?
    , pp. 48-49).

« Plan » et non plus « champ » : parce qu’il n’est pas pour un sujet supposé hors-champ, ou à la limite d’un champ qui s’ouvre à partir de lui sur le modèle d’un champ de perception (cf. l’Ego transcendantal de la phénoménologie) ; et aussi parce que tout ce qui vient l’occuper ne croît ou ne se connecte que latéralement, sur les bords, tout n’y étant que glissades, déplacements, clinamen (Logique du sens, pp. 15-16 et 311-312), et même « clinique », non seulement au sens défini plus haut de « glissement d’une organisation à une autre », mais au sens de « formation d’une désorganisation, progressive et créatrice » (ce qui renvoie à la définition deleuzienne de la perversion - voir « Ligne de fuite »).

Les mouvements sur le plan s’opposent à la verticalité d’une fondation ou à la rectilinéarité d’un progrès.

« D’immanence » et non plus « transcendantal » : parce que le ne précède pas ce qui vient le peupler ou le remplir, mais se construit et se remanie dans l’expérience, de telle sorte qu’il n’y a plus de sens à parler de formes a priori de l’expérience, d’une expérience en général, pour tous les lieux et tous les temps (de même qu’on ne peut plus se contenter du concept d’un espace-temps universel et invariable). En d’autres termes, de telles conditions ne sont « pas plus larges que ce qu’elles conditionnent », et c’est pourquoi la philosophie critique ainsi radicalisée prétend énoncer les principes d’une véritable genèse, non d’un simple conditionnement externe indifférent à la nature de ce qu’il conditionne (les épistémè ou les « a priori historiques » de Foucault donnent une idée de cette exigence, même si les plans de pensée selon Deleuze se rapportent plutôt à des auteurs et à des œuvres). » (François Zourabichvili, Le vocabulaire de Deleuze, Ed. Ellipses, 2003, pp. 64-65.)

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