Au bac , il est demandé de « Expliquer le texte suivant : (Texte, auteur et titre). La connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. Il faut et il suffit que l’explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question. »
Cet énoncé définit deux tâches :
1) procéder à son explication,
2) dégager le problème que pose le texte, et pour lequel il propose une réponse.

La seconde est le but final de l’exercice : on n’étudie pas le texte pour lui-même, pour faire un exercice ou pour apprendre la doctrine d’un auteur. La lecture d’un texte philosophique n’a pour objet que cela : nourrir la réflexion sur un thème. Étudier un texte signifie donc ceci : montrer en quoi le texte proposé apporte une réponse (et construit cette réponse) à une question philosophique, quels sont les enjeux de la question abordée (c’est-à-dire ce que l’étude de ce texte nous fait gagner ). Ceci ne peut de faire qu’en confrontant aux solutions, à l’approche de l’auteur, d’autres solutions ou approches possibles. Ce contraste permet de réellement comprendre le texte : de saisir son sens propre.
Mais ceci ne peut se faire qu’à partir, qu’en partant de l’explication précise du texte lui-même. Il faut suivre le texte, et l’expliquer, afin de mettre en valeur, d’éclairer la démarche de l’auteur. Or ceci, l’ordre, est essentiel : si l’auteur aborde tel concept ou telle question avant ou après tel autre, ce n’est pas par hasard. C’est que la première étape appelle ou éclaire la suivante ; que la seconde est portée par la première ou l’ englobe : l’ordre du texte est la démarche par laquelle un philosophe a construit sa réponse à une question donnée. On ne va pas du premier étage au troisième sans passer par le second.

Étudier un texte philosophique signifie suivre pas à pas la pensée d’un philosophe. Non pas pour l’accepter servilement comme telle, mais pour la comprendre avant, s’il le faut, de la mettre en question.

Le premier moment du travail sur texte - et le plus important parce que sans lui il est impossible de saisir l’intérêt philosophique du passage - est donc l’explication du texte.

Comment procéder ?

Il ne faut pas hésiter à lire le texte plusieurs fois afin d’en faire apparaître le sens.
La première lecture doit permettre d’en prendre connaissance et de dégager le THÈME dont le texte se préoccupe.
Une seconde lecture permet d’identifier quelle est la THÈSE précise que soutient l’auteur.
A la troisième lecture, on peut expliciter le PROBLÈME dans lequel se situe le texte, et donc on peut repérer éventuellement les points de vue auxquels l’auteur s’oppose et qu’il cherche à réfuter. Il s’agit de dégager « le ou les problèmes soulevés par une question ou une notion particulière. »( Morfaux).

On peut alors mettre en lumière les différentes étapes par lesquelles l’auteur passe pour asseoir sa thèse : les différentes « parties » du texte. Mais attention, il ne faut pas oublier que ces parties ne sont que des étapes d’UNE RÉFLEXION UNITAIRE. Un texte philosophique n’est jamais constitué de morceaux artificiellement juxtaposés : il expose une pensée dont le mouvement est articulé en moments distincts.
Pour retrouver les articulations du texte, il faut penser à s’aider des conjonctions de coordinations et de subordination. Les premières ( conj. de coord.) marquent entre des mots ou des propositions de même fonction l’union (et), l’opposition (mais, pourtant), l’alternative (ou), la négation (ni), la conséquence (donc), la conclusion (ainsi, enfin). Les secondes (conj. de sub.) établissent une dépendance entre les éléments qu’elles unissent (comme, quand, qui, etc.). Ces petits mots marquent la structure logique du texte : on peut les souligner, cela aide à visualiser la construction du passage.

Ces quatre éléments (Thème, Thèse, Problème, Structure) constituent l’introduction à l’étude du texte. L’introduction doit se terminer par une question : celle à laquelle la thèse du texte apporte une réponse.

On peut alors entrer dans l’explication ordonnée et détaillée du texte. Elle consiste à retrouver les concepts-clés sur lesquels repose l’argumentation, les définir, et donner les raisons des thèses (les justifier).

Afin de ne pas risquer de tomber dans un mot à mot stérile qui n’explique rien, il faut toujours garder en tête le THÈME et la THÈSE que le texte cherche à éclairer. C’est en fonction d’eux que sont importants les concepts mis en oeuvre : le sens général du texte, son intention, déterminent le sens de ses éléments. Dans la rédaction du développement, il faut à la fin de chaque partie ou de chaque sous-partie, rappeler ce qui a été gagné par rapport à ce thème et à cette thèse.

Le ou les concepts-clés de chaque partie peut être souligné ou coloré pour le mettre en valeur.

L’objectif de l’explication est de retrouver l’ordre, la progression du texte : il s’agit de retrouver la façon dont le philosophe a abordé les difficultés rencontrées et a tenté de les résoudre.

Quand on rencontre dans un texte une difficulté qu’on n’arrive pas à résoudre, p.ex. un concept, un mot dont on ne comprend pas la présence, une conclusion indiquée par l’auteur ("donc") alors qu’on ne perçoit pas que c’est effectivement la conclusion de ce qui précède, il ne faut jamais fuir la difficulté en supposant que le défaut se trouve chez l’auteur. Supposer bien plutôt qu’il s’agit d’un manque de compréhension du lecteur. C’est un pari : faire confiance à l’auteur du texte ; supposer un sens qui encore nous échappe nous oblige à le chercher et nous permet finalement de le trouver.

Cette étude et les difficultés qu’on a rencontrées en la faisant permettent de dégager le problème philosophique du texte, c’est-à-dire de procéder à son évaluation critique : confronter la solution proposée par l’auteur à d’autres solutions possibles ; évaluer la façon dont le problème a été posé ; comparer la thèse de l’auteur à d’autres doctrine étudiées ; dégager des questions qu’il conduit à formuler ; monter que ses présupposés peuvent être mis en question ; apprécier son actualité, ses enjeux.

Il ne faut jamais oublier que c’est une bonne explication du texte qui conduit naturellement à l’interroger et à l’évaluer, non de façon artificielle en lui opposant ses propres convictions ou celles d’un autre auteur, mais en éclaircissant ses présupposés et en comprenant la pertinence de sa démarche.

Pour rédiger le développement de ce travail sur texte, procéder d’abord à l’explication immanente du texte ( Première partie ). Puis développer la réflexion critique que le texte appelle (Seconde partie). Cette deuxième partie pourra, éventuellement (et pour tenir compte des contraintes du travail en temps limité), être constituée d’un seul paragraphe assez développé. La première partie du devoir comporte autant de paragraphes que le texte a de parties.

La conclusion doit être sobre : elle rappelle ce qui a été acquis, les implications de la démonstration qui ont été mises en évidence. Mais il n’y a pas lieu d’introduire dans la conclusion une idée nouvelle, sans rapports logiques avec ce qui précède, sous prétexte « d’ouverture ». Ce serait un simple artifice rhétorique, facile, mais inutile et absolument superflu. La réflexion menée en commun avec l’auteur forme le devoir. Elle seule. Il est inutile de chercher à caser à tout prix ses opinions parce qu’elles auraient un vague rapport avec ce qui a été vu auparavant. Rien ne peut gâcher un devoir bien mené qu’une sentence arbitraire assenée comme une vérité indubitable à la fin de la copie.