Bac 2008 - S
Sujet 1
L’art transforme-t-il notre conscience du réel ?
Sujet 2
Y a-t-il d’autres moyens que la démonstration pour établir une vérité ?
Sujet 3
Expliquez le texte suivant :
Si la morale ne considère que l’action juste ou injuste, si tout son
rôle est de tracer nettement, à quiconque a résolu de ne pas faire
d’injustice, les bornes où se doit contenir son activité, il en est tout
autrement de la théorie de l’État. La science de l’État, la science de
la législation n’a en vue que la victime de l’injustice ; quant à
l’auteur, elle n’en aurait cure, s’il n’était le corrélatif forcé de la
victime ; l’acte injuste, pour elle, n’est que l’adversaire à l’encontre
de qui elle déploie ses efforts ; c’est à ce titre qu’il devient son
objectif. Si l’on pouvait concevoir une injustice commise qui n’eût pas
pour corrélatif une injustice soufferte, l’État n’aurait logiquement pas
à l’interdire. Aux yeux de la morale, l’objet à considérer, c’est la
volonté, l’intention ; il n’y a pour elle que cela de réel ; selon elle,
la volonté bien déterminée de commettre l’injustice, fût-elle arrêtée et
mise à néant, si elle ne l’est que par une puissance extérieure,
équivaut entièrement à l’injustice consommée ; celui qui l’a conçue, la
morale le condamne du haut de son tribunal comme un être injuste. Au
contraire, l’État n’a nullement à se soucier de la volonté, ni de
l’intention en elle-même ; il n’a affaire qu’au fait (soit accompli,
soit tenté), et il le considère chez l’autre terme de la corrélation,
chez la victime ; pour lui donc il n’y a de réel que le fait,
l’événement. Si parfois il s’enquiert de l’intention, du but, c’est
uniquement pour expliquer la signification du fait. Aussi l’État ne nous
interdit pas de nourrir contre un homme des projets incessants
d’assassinat, d’empoisonnement, pourvu que la peur du glaive et de la
roue nous retienne non moins incessamment et tout à fait sûrement de
passer à l’exécution. L’État n’a pas non plus la folle prétention de
détruire le penchant des gens à l’injustice, ni les pensées malfaisantes
; il se borne à placer, à côté de chaque tentation possible, propre à
nous entraîner vers l’injustice, un motif plus fort encore, propre à
nous en détourner ; et ce second motif, c’est un châtiment inévitable.
A. Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation