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Celui qui a tué, il lui faut mourir

  • 4 octobre 2003

Mais que signifie l’énoncé : « Si tu le voles, tu te voles toi-même » ? Celui qui vole rend incertaine la propriété de tous les autres ; il se dépouille donc lui-même (en vertu de la loi du talion) de la sécurité que requiert toute propriété possible ; il n’a rien et ne peut non plus rien acquérir, mais néanmoins il veut vivre - ce qui n’est possible que si d’autres le nourrissent. Mais dans la mesure où l’État ne le fera pas gratuitement, il faut que celui qui a volé lui abandonne ses forces pour des travaux que la puissance publique juge bon d’organiser (travaux forcés ou dans les maisons de correction) et que, pour une durée déterminée ou même, selon le jugement, pour toujours, il tombe en esclavage. Mais s’il a tué, il lui faut mourir. Il n’y a ici aucun substitut possible qui puisse satisfaire la justice. Il n’existe aucune commune mesure entre une vie, si pénible qu’elle soit, et la mort, donc non plus aucune égalité entre le crime et la réparation, si ce n’est par la mort infligée juridiquement au coupable, débarrassée cependant de tout mauvais traitement qui pourrait faire de l’humanité un objet d’horreur dans la personne du supplicié. Même si la société civile se dissolvait avec l’accord de tous ses membres (par exemple, si le peuple qui habite une île résolvait de se séparer et de se disperser dans le monde entier), le dernier meurtrier se trouvant en prison devrait auparavant être exécuté, de façon que chacun éprouve la valeur de ses actes et que l’homicide ne vienne pas à la charge du peuple qui n’a pas pourvu à ce châtiment ; car le fait est qu’il peut être considéré comme ayant pris part à cette offense publique perpétrée contre la justice.

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