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Entretien de Jacques Rancière dans Siné-Hebdo (11 mars 2009)

  • 2 avril 2009

Quelques extraits [*] :

"Toute pensée d’émancipation véritable doit s’ancrer dans ce que sait le prétendu ignorant.

Les générations nouvelles ont dépassé le discours réactionnaire des années 80 selon lequel 68 a seulement servi à rénover le capitalisme. Ils essaient d’imaginer à nouveau des formes de pensées collectives.

Il est vrai que la mémoire de 68 a maintenu une culture de résistance à l’extension infinie de la logique capitaliste. Il est effectivement arrivé que les pouvoirs aient été contraints de composer avec elle, jusqu’à révoquer les lois déjà votées ( CPE ).

Lorsqu’on parle de "démocratie", on a en tête les Etats ou des oligarchies gouvernent en y mettant les formes. Malgré cela perdure toujours une tension qui rappelle l’idée originelle de démocratie comme pouvoir imprévisible qui appartient à la collectivité et non pas à qui la représente.

Même l’antidémocrate Platon le disait : le pire des maux est que le pouvoir soit occupé par ceux qui l’ont voulu. C’est malheureusement la règle partout.

Le principe même du vote est ambigu. D’un côté, c’est la reconnaissance de l’égalité de valeur de toutes les voix ; mais de l’autre, c’est aussi un système organisé pour reproduire un personnel dominant.

Du côte des mouvements réels, donner naissance à des forums de discussion collective et de circulation de l’information et de la pensée détachés de l’objectif de la prise du pouvoir, me semble capital.

La crise c’est la vision globale imposée par les gouvernements pour se réserver la mesure du possible. La réalité est celle des rapports de force, des luttes qui déplacent les limites de ce possible...L’action politique consiste toujours à déplacer les barrières du possible fixées par le système dominant.

Lorsque la Gauche prolétarienne essayait de ressusciter les formes de sabotages inscrites dans la tradition du mouvement ouvrier français, ses militants étaient arrêtés pour reconstitution de ligue dissoute, pas pour terrorisme. or aujourd’hui, la moindre grève est stigmatisée comme prise d’otage ! ... Il est primordial de s’opposer à la criminalisation progressive de toutes les formes de lutte sociale ."


[*Empruntés à Fabula

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