La deuxième topique.
Les trois despotes sont le monde extérieur, le surmoi et le ça. Quand on suit les efforts du moi, pour les satisfaire tous en même temps, plus exactement pour leur obéir en même temps, on ne peut regretter d’avoir personnifié ce moi, de l’avoir présenté comme un être particulier. Il se sent entravé de trois côtés, menacé par trois sortes de dangers auxquels il réagit, en cas de détresse, par un développement d’angoisse. De par son origine qui provient des expériences du système de perception, il est destiné à représenter les exigences du monde extérieur mais il veut être aussi le fidèle serviteur du ça, rester en bons termes avec lui, se recommander à lui comme objet, attirer sur lui sa libido. Dans son effort de médiation entre le ça et la réalité, il est souvent contraint de revêtir les ordres ics du ça avec ses rationalisations pcs, de camoufler les conflits du ça avec la réalité, de faire accroire, avec une insincérité diplomatique, qu’il tient compte de la réalité, même si le ça est resté rigide et intraitable. D’autre part, il est observé pas à pas par le rigoureux surmoi qui lui impose certaines normes de son comportement, sans tenir compte des difficultés provenant du ça et du monde extérieur, et qui, au cas où elles ne sont pas respectées, le punit par les sentiments de tension que constitue l’infériorité ou la conscience de la culpabilité. Ainsi, poussé par le ça, entravé par le surmoi, rejeté par la réalité, le moi lutte pour venir à bout de sa tâche économique, qui consiste à établir l’harmonie parmi les forces et les influences qui agissent en lui et sur lui, et nous comprenons pourquoi nous ne pouvons très souvent réprimer l’exclamation :
« La vie n’est pas facile ! » Lorsque le moi est contraint de reconnaître sa faiblesse, il éclate en angoisse, une angoisse réelle devant le monde extérieur, une angoisse de conscience devant le surmoi, une angoisse névrotique devant la force des passions logées dans le ça.
Ces relations structurales de la personnalité psychique que j’ai développées devant vous, je voudrais les exposer dans un dessin sans prétention que je vous soumets ici :
Comme vous le voyez, le surmoi plonge dans le ça ; en effet, en tant qu’héritier du complexe d’Œdipe, il a des relations intimes avec lui, il se trouve plus éloigné du système de perception que le moi. Le ça n’a de rapport avec le monde extérieur que par l’intermédiaire du moi, du moins dans ce schéma. II est assurément difficile de dire aujourd’hui dans quelle mesure ce dessin est exact ; en un point il ne l’est assurément pas. L’espace qu’occupe le ça inconscient devrait être incomparablement plus grand que celui du moi ou du préconscient.