Le testament d’Épicure

11 novembre 2005

Par ce testament, je donne tous mes biens à Amynomaque de Batté, fils de Philocrate, et à Timocrate de Potamos, fils de Démétrios, selon la donation faite à chacun et inscrite dans le Métroon, aux conditions suivantes : ils donneront le jardin et les biens y attenant à Hermarque de Mytilène, fils d’Agémarque, à ceux qui philosophent avec lui, et à ceux qu’Hermarque pourra choisir comme ses successeurs dans la direction de l’école, pour y vivre en philosophant. De même, à tous ceux qui philosopheront sous mon nom, afin qu’ils conservent avec Amynomaque et Timocrate, dans la mesure du possible, l’école qui est dans mon jardin, je le leur donne comme un dépôt, à eux, et à leurs successeurs, de la façon qui sera la plus sûre, afin que ceux-là aussi à leur tour conservent le jardin exactement comme eux. Mes disciples le leur transmettront. Ma maison qui est à Mélite, Amynomaque et Timocrate la donneront à habiter à Hermarque et à ceux qui philosopheront avec lui tant qu’Hermarque vivra. Le revenu des biens laissés par moi à Amynomaque et Timocrate, ils l’utiliseront dans la mesure du possible, en recherchant avec Hermarque ce qu’il convient de faire pour célébrer des sacrifices anniversaires de la mort de mon père, de ma mère et de mes frères, et l’anniversaire de ma naissance, selon la coutume dans la première dizaine de Gamélion, chaque année, et aussi pour que l’assemblée des philosophes de ma secte, qui a lieu le vingt de chaque mois, soit consacrée à mon souvenir et à celui de Métrodore. On célébrera aussi, comme je l’ai toujours fait, l’anniversaire de mes frères dans le mois de Poséidon et celui de Polyène dans le mois de Métagéitnion.

Amynomaque et Timocrate prendront soin encore d’Épicure, fils de Métrodore, et du fils de Polyène, tant qu’ils philosopheront et vivront avec Hermarque, et de même de la fille de Métrodore ils prendront soin, et quand le moment sera venu, ils la marieront à un homme qu’Hermarque choisira parmi ses disciples, à condition qu’elle soit honnête, et obéissante envers Hermarque.

Amynomaque et Timocrate leur donneront sur mes revenus ce qu’ils croient leur être nécessaire chaque année, en accord avec Hermarque. Ils institueront Hermarque codirecteur avec eux de mes revenus, afin que tout soit fait sur les conseils de cet homme, qui a vieilli avec moi dans l’étude de la philosophie, et qui est resté après moi comme chef de notre secte.
Pour ma fille, quand elle sera en âge d’être mariée, Amynomaque et Timocrate lui compteront une dot en prenant sur mon bien ce qui leur paraîtra suffisant, avec l’avis d’Hermarque.

Ils prendront soin aussi de Nicanor comme j’ai fait moi-même, afin que tous ceux qui ont philosophé avec moi, mis leurs biens en commun , participé à notre vie familière, et choisi de vieillir avec moi dans l’étude de la philosophie, ne manquent jamais du nécessaire, autant que je le pourrai faire.

On donnera tous mes livres à Hermarque. S’il arrive quelque chose à Hermarque, avant que les élèves de Métrodore ne soient élevés, Amynomaque et Métrodore en prendront soin, afin que s’ils sont honnêtes, ils aient le nécessaire pour vivre, autant qu’il se pourra faire d’après mes revenus. Et pour tout le reste, qu’ils appliquent toutes mes dispositions dans la mesure où chacune peut être appliquée. J’affranchis enfin, parmi mes esclaves, Mus, Nicias, Lycon et Phèdre.

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