Libertés et traditions
« Les libertés, c’est-à-dire ce à quoi les membres d’une société quelconque tiennent de façon très profonde, consistent essentiellement en un certain nombre de possibilités d’actions, de conduites concrètes enracinées dans le passé d’une société particulière, et qui, par conséquent, ne peuvent pas se définir dans l’abstrait.
On les constate dans le cadre de telle ou telle expérience sociale. De ce point de vue, c’est un enseignement ethnologique. Je crois que rien ne serait plus dangereux que d’essayer de définir les sociétés occidentales, et par contrecoup, l’ensemble des sociétés humaines, y compris celles qu’étudient les ethnologues, en fonction d’une sorte de code des libertés abstraites qui, probablement, ne signifieraient rien pour beaucoup d’entre elles, qui seraient pour beaucoup d’autres en contradiction avec leur expérience vécue.
L’exercice des libertés ne se fait pas dans le vide, mais par rapport à des attachements traditionnels qui ont le plus souvent des racines traditionnelles. »