Les luttes des sans papiers indiquent selon moi quelque chose de fondamental : la demande d’un droit de citoyenneté, la revendication d’une présence sur le territoire d’intensité toute biopolitique. Une demande radicale de droit de citoyenneté pour ceux qui se déplacent, qui représente un élément subversif pour l’ordre national du droit, dans la mesure où elle est la première transcription en termes politiques d’une situation devenue désormais générale. Cela équivaut vraiment à demander la loi, à réclamer un droit de citoyenneté parce qu’on travaille, parce qu’on s’est déplacé à l’intérieur du marché mondial du travail désormais intégré. Il s’agit donc d’une rupture politique du nouvel ordre productif mondial et un processus de recomposition de mouvements qui en sortent. Il faudrait réussir à imaginer le fait d’être des citoyens du monde au sens plein du terme, et à réaliser non plus l’internationale des travailleurs mais une communauté de tous les hommes qui veulent être libres. Comme le dit Sergio Bologna, les luttes des sans papiers préfigurent une « démocratie apatride ».